❝ Arrière-goût d'une soirée qu'on aimerait bien oublier en fait... ❞
Qu'est-ce que les humains trouvaient de si attrayant à l'alcool, hein ? C'était un vrai mystère pour moi. Je comprenais bien le principe : avoir envie d'oublier, certes. Mais à quel prix, je vous le demande ? Au petit matin, les souvenirs remontaient toujours à la surface -personne n'y coupe, ceux qui prétendent le contraire, mentent comme des arracheurs de dents- En plus une migraine énorme pointait à chaque fois le bout de son nez, et celle-ci était parfois agrémentée d'une bonne envie de vomir. Quel délice, franchement : un vrai plaisir. Puis il n'y avait pas que ça, il fallait aussi prendre ses responsabilités et faire face, parce que oui... Il fallait voir dans quel pétrin une soirée un peu trop arrosée pouvait mettre.
Pour arranger le tout, j'étais connu pour être assez impulsif... Le tout ne faisait guère bon ménage.
Quelques semaines auparavant - Pour une fois, ce furent les rayons de soleil qui me réveillèrent et alors que ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille, je m'étais contenté de fermer les yeux un peu plus fort, souhaitant très fort me rendormir. En temps normal, je me réveillais bien avant que le soleil soit haut dans le ciel, là... je n'avais juste pas envie. Ma tête était lourde et s'enfonçait dans l'oreiller, et mes muscles courbaturés me clouaient au matelas.
Et alors que je m'enroulais dans la couette, quelque chose me fit ouvrir les yeux d'un seul coup : une respiration.
Alerte, je passais une main dans mes cheveux, et n'osais pas encore me tourner pour voir ce qui m'attendait. J'étais encore dans le brouillard, une petite minute de préparation, était-ce trop demander ?
« Un peu de courage, mince... » Je m'encourageais tout bas, tout en inspirant un bon coup, prêt à faire face à n'importe quoi.
Une fois en position assise, je décidais d'enlever la main de devant mes yeux. Et...retirez ce que j'ai dis un peu plus tôt, je n'étais pas du tout prêt à faire face en réalité. Pourquoi est-ce qu'il y avait quelqu'un dans mon lit alors que je ne me souvenais même pas d'être sorti hier hein ? Et une dernière question pour la route : pourquoi fallait-il que ce « quelqu'un » soit un homme ? Dépité, je me frappais le top du front avec la paume de ma main.
Avant de tout de suite regretter d'être aussi idiot de bon matin. Décidant de ne pas réveiller l'inconnu tout de suite, je me penchais sur le côté, à la recherche de mon réveil... Réveil qui s'était transformé en livre, livre que je n'avais jamais lu de toute ma vie.
Attendez une petite minute... Qui avait changé toute la disposition de ma chambre pendant la nuit ? De nouveau, je me penchais de mon côté et regardais sous le lit, apercevant mon boxer... Que diable faisait-il par terre hein ? Et depuis quand est-ce que j'avais de la moquette dans ma chambre ? Et depuis quand j'avais une chambre ?!
Maintenant que mes esprits me revenaient enfin, je jurais et tombais du lit à la renverse, emportant la couette avec moi.
« Bordel ! » balançais-je, face contre sol.
Oui, il m'avait fallu un sacré temps pour me rappeler que moi, depuis peu, je dormais dans une chambre de dortoir, avec un garçon qui ne pouvait pas me voir, et qui donc ne finirait jamais torse nu dans mon lit.
Dites moi que je suis le seul tout nu, dans l'histoire, s'il vous plaît.
Je me décidais enfin à me redresser, et m'appuyer contre le sommier du lit, dos à l'inconnu qui devait se demander ce que j'étais en train de fabriquer par terre, dans sa chambre. Quelle plaie... Maintenant que j'étais complètement réveillé, une odeur forte d'alcool monta jusqu'à mes narines... Et qu'elle émane de moi ou de lui, ça ne signifiait rien de bon.
« Tu te souviens de tout ce qui s'est passé hier toi ? Parce que pour tout te dire, moi non : et c'est assez frustrant... dis-je calmement, recherchant activement dans ma tête des bribes de la soirée d'hier soir. Mais en fait, la situation était assez claire et elle parlait d'elle-même...
Tu t'appelles ? Désolé hein, comme je t'ai dis : black-out. » Les quelques images qui me revinrent en tête me firent soupirer.
Je n'avais jamais eu ce genre de faiblesses pourtant : que ce soit les hommes ou l'alcool.